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ça va saigner
5 décembre 2010

Hep !

paris_taxiTiens, lecteur gravement délaissé, je m'en vais te narrer une anecdote récente où je m'illustrais brillamment et faisais honneur au genre humain dans ce qu'il a de meilleur. Si, c'est possible.

Une fin d'après-midi pluvieuse, nous cherchions naïvement, ma soeur et moi, un taxi pour la ramener, elle et ses deux bouts de chou, dans son 14è arrondissement de Paris, et comme de bien entendu, nous n'en trouvions pas plus que d'or en barre sous nos semelles.

Les seuls qui passaient nous narguaient avec leur petite loupiote blanche -celle du milieu- si faiblement allumée qu'on ne la voit qu'au dernier moment,  obligeant le héleur à agiter les bras bêtement avant de s'apercevoir au dernier moment qu'il y a déjà un client dans le tacos. Pour héler un taxi parisien sans passer pour un gros naze, il te faut donc emporter une paire de jumelles ou mieux, une lunette astronomique. Passons.

Pour être plus efficace et guetter des deux côtés de la rue, je traverse et je guette à l'aide de ma myopie. Peine perdue, ma soeur vient juste d'en héler un, libre et en service, comme son enseigne éclairée l'indique et sans la fameuse minuscule loupiote blanche. Sauf que le taxi fait mine de ne pas vouloir s'arrêter. Je retraverse donc fissa pour l'obliger à ralentir sur les clous et je frappe à sa vitre.

Je demande au jeune et beau pilote, avec une grande amabilité, compte tenu de la poussette et des deux petits "Vous pouvez emmener ma soeur et ses enfants ?". On ne pouvait être plus souriant ni gracieux dans sa demande que moi, je le jure, qu'un taxi jaune me passe sur le corps si je mens.

Le gominé façon crête de coq mais en moins punk  me dit "C'est pour aller où ?". Tu le sauras bien assez tôt, petit curieux, me pensais-je en lui répondant "Oh lala, au fin fond du 14è". A quoi le bougre me répond après un calcul mental ébouriffant d'au moins 2 secondes "Euh non, ça m'intéresse pas".

Là, j'avoue ne toujours pas savoir ce qui m'a pris. Etait-ce l'hospitalisation d'urgence de ma pauvre mère que nous venions de laisser aux mains des charcutiers  chirurgiens les moins chers du secteur ? Peut-être. Toujours est-il que je grommelais au chauffeur "Ah, ça ne vous intéresse pas, espèce d'ordure ?"

Pourquoi ai-je dit "espèce d'ordure" à ce pauvre garçon qui considérait que du 5è au 14è arrondissement, la course allait lui rapporter à peine plus que le tarif de base, et qu'il se sentait parfaitement en droit de refuser de vendre ses services ?

Moins dur de la feuille que du larfeuille, le beau brun s'inquiète à juste titre et me demande "Quoi, kestadi là ?" Pas dégonflée, je lui répète le tout en le regardant bien droit dans ses yeux de biche effarouchée. Et mieux encore, je lui redis tout ça bien fort, l'enjoignant de se casser tout en lui assenant un coup de tatane dans la portière. Et toc. Pas énervée j'étais, te dis-je.

L'insulté se gare enfin - nous étions toujours sur les clous- et sort de son char en m'injuriant avec une faconde dont j'envie encore le débit plus fougueux que celui de nos fleuves les plus mauvais. "Oh tu sais ce que ça coûte à réparer, sale tepu, pochetronne, sdf, raciste ?"  Primo, sa portière n'avait absolument rien, deuxio, il aurait été blanc, bleu, jaune ou vert, il aurait eu droit au même traitement ! Mais cette ambulante hyperbole héraut (de Ravel) de la diversité veut en découdre et se précipite le bras levé pour me cogner.

Crois-moi si tu veux, lecteur interloqué, je me colle à lui et lui dit avec une force et une suavité savamment dosées "Mais vas-y, frappe-moi. Devant témoins, t'es vraiment très con !"  Je le jure sur Titch, c'est vrai. Ca l'a bloqué tout net, le pépère. Imagine la scène, lui le bras à l'arrêt, la bouche bêtement ouverte, paralysé par une situation inédite pour cet orphelin du neurone : une vioque haute comme 3 pommes qui ne recule pas devant Mr. Grosbras. S'en suit un électroencéphaologramme plat de quelques secondes, c'est obligé. Evidemment, les témoins présents sur cette place Monge ne lèveront pas un sourcil si l'autre est encore plus con que prévu, je le sais bien. Mais comme je suis bagarreuse dans l'âme, je m'en contrefous. Je sais, faut être dingo. C'est le cas, lecteur effondré. 

Retrouvant l'usage de la parole, furieux d'être tourné ainsi en ridicule, il me ressort le coup de la tepu (moi aussi, j'ai un tarif de base), pochetronne (j'ai des poches sous les yeux), sdf (c'est pas ma faute si j'aime pas la mode) mais pas celui de la raciste. Et il menace d'appeler la police. Qu'à cela ne tienne ! "Mais vas-y mon gars, tu pourras lui expliquer, à la police, pourquoi tu refuses de charger un client alors que tu es en service". Tournage de talons illico dans une flopée d'injures du chauffeur que j'achève par un "Salut mec, on a ta plaque".

Pendant ce temps, que faisait ma frangine ? Elle me tirait le bras en me suppliant d'arrêter, n'ayant de cesse de me rappeler que j'allais me faire casser la gue figure. Nous sommes rentrées chez moi pour commander tranquillement un taxi bleu ou G7 dont on sera à peu près sûres de la venue, motivée par la majoration souvent conséquente du tarif final, fonction du lieu de départ au moment de la commande.

On n'a rien sans rien.

Une autre fois, je te conterais d'autres exploits du même genre, si tu es preneur, lecteur chéri et non-violent.

 

 

 

 

 

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Commentaires
L
Eh ben ! Il t'en arrive de bonnes à toi !<br /> <br /> Je comprends bien cette réaction cela dit...
Q
@eliza : bravo, enfin quelqu'un qui apprécie le boléro de Ravel. Pour ma maman, tout est en ordre, merci !<br /> <br /> @Nine : excellent ton commentaire ! Faut toujours se méfier des Suisses !<br /> <br /> @Sylvie : fais gaffe quand même !<br /> <br /> @Titch : tu sais qu'il faut pas me chercher !
E
excuse pour ta maman malgré vos origines italiennes je sais qu'elle ne s'appelle pas etta scusi!!
E
bravo après le sombrero on a le boléro, very nice etta maman dans tout ça ???
T
Héhé, je te reconnais bien là. <br /> "J'm'énerve pas, j'explique"!<br /> Héhé...
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