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ça va saigner
27 avril 2013

REPULSIVE WORLD

Unknown

Coucou lecteur abandonné ! Tu te dis que décidément QM est une grosse feignasse : ce n'est que trop vrai. Mais c'est surtout que pour avoir envie d'écrire, j'ai besoin de vivre des trucs inhabituels qui m'amusent, à tort ou à raison, et si possible qui me permettent de me moquer de mes contemporains et de moi-même, comme d'habitude.

Dans mon dernier billet, je te promettais de te narrer par le menu comment s'y prendre pour rencontrer l'âme soeur sur Internet. Correction, je m'en vais te conter comment séduire dans le monde réel par l'entremise du virtuel. C'est très simple, tu t'inscris dans un site historique et qui s'y connaît donc très bien en escroquerie. 

Prends un abonnement de 6 mois et crois en leur pub mensongère, prend un second abonnement pour affiner tes recherches au mieux. Plus tu vides ta bourse, plus tu seras exigeant sur la qualité du service, plus tu seras déçu, plus tu râleras, plus tu seras l'objet d'attentions concrètes.

Le site te harcèle tous les jours pour te présenter des "profils" et comme tu es obligé de jouer le jeu très onéreux auquel tu viens de souscrire, tu deviens en un temps record un vrai profiler capable de démasquer les plus retors des Hannibal Lecter qui auraient envie de cuisiner ton cerveau aux fines herbes.

Une fois que tu as repéré une trombine de non-psychopathe et de non-amateur de foot, incompatibles pour toi avec la notion même de rencontre, encore faut-il que tu t'imagines au paddock avec l'élu. Si, c'est important. Si tu tiques, tu zappes. C'est quand même la foire aux bestiaux qui font peur, il faut trier.

Enfin, tu as déniché un profil potable. Tu évites surtout de chatter - c'est bon pour les mous du genou- tu lui fais savoir  illico qu'il a retenu ton attention par le biais d'un message bref mais habile, car tu n'as pas payé pour faire la dactylo et, en bonne acheteuse, tu veux voir la came d'abord.

L'élu t'explique qu'il n'est plus abonné et te demande de le contacter à l'adresse mail suivante :........Non tu ne rêves pas, il n'y a pas d'adresse mail suivante, ou au mieux, une adresse incomplète que seuls la chance et le web peuvent t'aider à compléter. Mais quand toute l'adresse manque, tu n'es pas contente du tout. 

Principe de l'escroquerie : le site conserve les profils des anciens couillonnés membres et les propose aux membres payants actifs. Dans le même temps, le site se vante à grands coups de pub de te présenter uniquement des membres actifs. Faux, car rien n'est évidemment fait pour que tu saches qui est actif parmi les profils qu'on te présente. Et si ton dévolu se jette sur l'un de ces désabonnés, le site s'empresse d'exercer une jolie censure en effaçant les coordonnées privées qu'est obligé de te donner l'ancien membre, si tu lui plaîs, ou bien il est obligé de se réabonner fissa ! Du grand art.

Tu ne manques pas d'adresser un mail incendiaire aux tenanciers en les menaçant du tribunal s'ils ne te renvoient pas illico l'adresse mail effacée par leurs soins. 

4 jours après, tu reçois une longue bafouille spécieuse qui t'explique que c'est ta protection qui est en jeu et justifie donc la censure. Tu as envie d'en découdre et de mettre tes menaces à exécution, mais tu sais très bien que la partie est perdue d'avance, que tu as autre chose à faire avec ce site. Tu acceptes donc de jouer à qui perd gagne. 

Comme tu as pris la peine de faire savoir ton mécontentement par écrit, tu es repérée et le site veut te faire plaisir. Il t'envoie une invitation à une soirée organisée pour ta tranche d'âge dans ta ville. Tu t'inscris illico car tu n'as pas payé pour taper à la machine et te contenter de virtualité. Tu veux voir la marchandise sur pied, histoire de rire un peu. 300 profils des deux sexes font comme toi et tentent de récupérer le cocktail gratuit promis entre 19h30 et 20h. A 20h 15, te voilà enfin au bar après une attente de près d'une heure sous la pluie. Tu es venue seule car tu n'as besoin de personne pour te tenir la main et surtout, tu n'as pas envie que tes copines se fassent plus draguer que toi. Il y a donc grosso modo quelques 150 mâles parmi lesquels se trouvera peut-être ton cocu.

Tout sourire et démarche assurée, tu dépasses  la zône sono-dj et ta surprise de te retrouver comme à un mariage. Il y a des femmes nippées en tenue de soirée, des habituées qui n'ont toujours pas trouvé leur bonheur. 3 malheureuses tables et 4 fauteuils occupés par des mamies. Tu te trouves pathétique mais tu n'es pas la seule. Tu repères un monsieur bien sapé et à bon sourire engageant et tu joues les surprises "vous saviez que ça faisait boîte de nuit, ces soirées ?!" Il dit que ce n'est que la seconde fois qu'il vient mais que oui, ça finit en dancing. Il est craquant avec ses petites lunettes rondes d'intello et sa barbe de 3 jours. Il te rappelle quelqu'un mais tu n'arrives pas à savoir qui. Tu n'es pas physionomiste, c'est là le moindre de tes défauts. Bref, le gars réussit son premier entretien : il est bien élevé et agréable. Il m'offre une coupette et un club sandwich. Nous nous installons au bout du buffet, debout devant nos petits encas. Soudain une main tente de se saisir de la pique plantée sur l'un de mes sandwich. Mon compagnon bloque le geste de la voleuse qui joue les étonnées, croyant que c'était pour tout le monde. 5 personnes tenteront encore de piquer notre pitance sans vergogne. Nous en rions et continuons à papoter comme de vieux potes. Jusqu'au moment où le cher homme me roule un vieux patin, tel un jeune fougueux. Pas étonnée, je me laisse faire car il embrasse bien et je me vois mal lui coller une beigne en ces circonstances. Ne sommes-nous pas là pour ça, peu ou prou ? J'aurais d'ailleurs eu tort de faire mon effarouchée, en constatant la mine verte de jalousie, malade de rage, des mecs autour de nous. La haine défigure leurs traits déjà peu avenants et je les sens prêts à imploser. Pour les achever, nous recommençons. La bave aux lèvres, le coutelas luisant dans la main, les jaloux vont lui faire sa fête, à mon rouleur de pelles, ça va pas traîner.

Après, tout est allé très vite. J'ai dit je rentre je suis claquée. Le rouleur de pelles dit moi aussi. Je vous dépose. M'invite à dîner. Vous avez encore faim ? lui demandé-je. Vous ne m'en voudrez pas si je préfère rentrer. J'ai pas envie de m'allonger dès le premier soir. Vous avez déjà un avant-goût, merci et bonjour chez vous. Pendant le trajet, j'ai encore trop causé. Nous avons parlé voyages et Italie, du coup j'ai enchaîné sur mes origines macaroni et éventuellement, un patronyme juif italien et mes recherches à ce sujet. Très intéressé, le rouleur.  Je lui raconte l'anecdote arrivée à ma soeur. Elle croise un jour rue des Rosiers un jeune israélite orthodoxe avec chapeau et guirlandes qui lui demande "vous ne seriez pas un peu juive, vous ?" Ma soeur le détrompe et le jeune homme de s'esclaffer "Ah bin moi non plus !". Et mon chauffeur de m'expliquer avec grand sérieux "c'est de l'humour juif". Oui, j'adore, lui confirmé-je. Je suis juif, me dit-il.

Du coup, ça me revient. Il me fait penser à Steven Spielberg. Je vérifie sur Internet. C'est bien lui. Mon rouleur me balance un texto enflammé rapport à nos pelles récentes. Je fais ma faux-jeton genre "je ne sais pas ce qui m'a pris, ni vous d'ailleurs". Le lendemain matin, texto toujours enflammé, l'après-midi invitation à dîner assortie d'un "je voudrais vous embrasser encore...". Ça m'énerve et j'attends 2 h avant de répondre oui.

Je monte dans sa smart et ressens tout de suite de mauvaises vibes, un genre de méfiance. N'étant pas du style à ergoter, je lui demande ce qui le chiffonne. Mais rien prétend-il. La conversation roule très vite autour des religions. Il m'apprend qu'il va à la synagogue une fois par semaine par recherche de  spiritualité. Qu'il va fêter la Pâque juive avec ses soeurs, ses enfants et son petit-fils adoré. Son fils cadet est très-très pratiquant, précise t'il. Nous parlons de bonnes tables à Lyon où il se rend le lendemain pour plusieurs jours et je lui recommande  de déjeûner un jour chez Abel, toujours une excellente table depuis plus de 30 ans. Il me dit oui mais non, car je mange casher pendant la Pâque. Il finit par me demander si j'ai des amis juifs. Les bras m'en tombent. L'interrogatoire que j'ai subi m'humilie, moi qui suis d'une tolérance absolue envers toutes les religions, croyante avec ses doutes, pas pratiquante, et je devrais me justifier ??? Oui, j'ai des amis juifs, mais non pratiquants ou en tout cas qui ne saoûlent personne avec ça.

Question : si ce grand pratiquant des langues (très) vivantes cherchait quelqu'une de sa confession, pourquoi râtisser si large ?

J'envoie le lendemain soir un petit texto au monsieur pour lui demander s'il a fait bonne route et le remercier du dîner. No answer. Le surlendemain, je lui claque le museau : "quel que soit le motif de votre silence, il est discourtois. Cela reste rédhibitoire pour moi. Adieu donc." Faible satisfaction que d'envoyer ce type au diable, je te l'accorde, lecteur moqueur.

J'aurais préféré qu'entre nous, il n'y ait que la barrière de la langue...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
Q
merci pour vos encouragements, Mesdames ! Ces sites sont une arnaque absolue que je ne compte pas sponsoriser davantage. J'aime encore assez ma compagnie et ma liberté pour m'en satisfaire !!
N
Bonjour QM, merci pour ce décryptage aussi instructif que drôle des sites de rencontres. Comme toujours avec toi, c'est fin, mais entre les célibataires pique-assiettes et le boycott lyonnais, je crois que ça me serait resté sur l'estomac (ou sur ma faim).<br /> <br /> Plein de bonnes choses si tu poursuis tes recherches dans la vie réelle ou sur la jungle du web.
M
Ben vrai ! C'est pas moral tout ça, ni bon pour le. C'est ça les fameux Avatars ?<br /> <br /> Si ça continue on va être obligées de s'inscrire au thé dansant de st Trivier de Croûtes ... Bises Belle Déesse Meetique
T
Hihihihihi! (on peut en rire quand même non??).
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