ART ET ESSAI
Ayant enfin quelque chose à te raconter, à savoir quelque chose de moins intime que mes joies de Mamy Gaga (cf. Titch et Not'merveille) qui feraient sombrer ce blog moribond dans une pathétique mélasse, je te salue, lecteur choisi !
Comme tu le sais, ou pas, je vais rarement au cinéma. Non pas que j'habite en rase campagne (où mugissent de féroces vespas) ponctuée de macumba pour seuls centres culturels. Je n'ai au contraire que l'embarras du choix, rayon salle obscure, laquelle a tendance, je l'admets, à me fermer une paupière déjà lourde d'âpres besognes plumitives qui nourrissent son homme autant qu'une année de disette. C'est ce qui s'est passé il y a peu, enfoncée dans un siège défoncé du charmant cinéma Escurial aux Gobelins. Se découpait au niveau des sous-titres le demi-cercle d'un crâne de fâcheux venu s'asseoir juste devant moi, alors qu'il y avait plein de place ailleurs. Il en est ainsi à chaque fois, et quand le cinoche est blindé, il y a toujours un grand dadais de 2m qui vient me masquer l'écran avec application juste avant ou après le début du film. C'est une malédiction que je ne parviens pas à rompre, sauf à me placer au 1er rang ce qui n'est acceptable que pour visionner un Bergman, dont la vitesse des travellings est suffisamment faible pour éviter le malaise vagal.
Après avoir roulé en boule mon duffle afin de me réhausser et voir les sous-titres de ce film chilien - car mon espagnol est hélas mâtiné de breton - mon coccyx m'enjoignait assez vivement à trouver une solution moins douloureuse et je me décalais d'un cran en priant le Ciel qu'un retardataire ne vienne pas gâcher ce beau projet en m'obligeant à me décaler encore et encore, ce qui, reconnais-le cher lecteur, eût pu indisposer durablement les spectateurs malchanceux de derrière.
J'avais de bonne grâce suivi mes deux amies dans cette galère, ne sachant rien sur ce film, hormis les 2 coeurs décernés par Télérama, auquel est abonnée celle de mes amies qui vote à gauche . Or, quand ce magazine vante les mérites d'un film, j'y vais encore moins, son jugement en la matière étant souvent entaché d'un snobisme injuste et ridicule. Vois, cher lecteur, à quel point l'amitié et la confiance dans le jugement d'une copine socialiste peuvent faire taire toutes les réticences d'une réactionnaire sectaire.
Le premier quart-d'heure, j'ai lutté pas mal contre l'assoupissement en raison de gros plans sur (et dans le désordre) :
1-les mollets enflés d'une vieille dame en guise d'actrice principale
2-le visage sans artifice de ladite actrice
3-le visage exémateux de l'acteur principal.
Jusqu'à ce que la fille rapplique chez sa mère et que se joue là un huis-clos palpitant sur les relations entre mère et fille.
Un quatuor épatant de vrais acteurs, évoluant dans un scénario et une réalisation de qualité, avec une économie de moyens inversement proportionnelle à la richesse du jeu des protagonistes. Bref, un film, un vrai, profond et sensible, dont tu te souviendras longtemps.
Mais je te laisse le plaisir de découvrir Les Vieux Chats qui m'ont parlé à plus d'un titre...
Sur ce, miaou et bonjour chez toi.