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ça va saigner
9 juin 2010

l'ange et la bête

demesmaeker03Il était une fois un monsieur, beau comme un ange (appelons-le Enrico, qui est beau comme là-bas dis), et qui n'en pouvait mais d'être aussi beau. En plus, il avait fait des études scientifiques, ce qui lui permettait d'en conclure qu'il était aussi intelligent que beau, tel Enrico. Oué, lecteur étonné, ça se peut. Il était beau et intelligent tel Enrico. Nous l'appellerons donc "le monsieur BEITE "(Beau Et Intelligent Tel Enrico), pour faire court.

Vérifions cet axiome (proposition parfaitement absurde puisqu'un axiome part, comme Enrico, du principe qu'on peut pas le démontrer, c'est comme ça, c'est tout) au moyen d'une anecdote  mal vécue.

Un jour que c'était l'hiver dans notre petite Sibérie française, là où les gens s'amusent à causer une langue qui ne s'écrit pas et qui copie furieusement le haut teuton, un jour froid donc, le monsieur BEITE était à Vladivostok  Strasbourg, chez des amis, accompagné de sa moitié, elle-même scotchée par un marmot à peine âgé d'un trimestre.

La disposition des lieux habités par lesdits amis, quoique logique, se caractérisait par une légère exiguité qui allait donner au monsieur BEITE, l'occasion de briller et attester, outre sa séduction physique, des capacités hors norme à analyser, synthétiser et décider, propres à un vrai meneur d'hommes, à un leader.

Sa petite épouse, à peine plus grande que son poupon, voulut passer de la cuisine à la salle à manger, séparées par une simple porte, rien de très compliqué en soi. Sauf que les amis qu'ils visitaient se trouvaient être les heureux maîtres d'un magnifique chat roux à rayures, à l'allure lente et majestueuse, placide mais sans mièvrerie, à la puissance toute en retenue, réputé pour son instinct de grand chasseur claquant des dents de façon sinistre à l'affût des pigeons et jouant à rattraper les mégots que lui lançait son maître. Enfin, un cador, alliant la classe vaguement condescendante d'un dandy et la rouerie bonhomme d'un escroc de haut vol.

Le gros matou montait la garde exactement entre les deux pièces, dans l'embrasure. Immobile, calme, hiératique. Et la petite maman prit peur, d'un coup, hypnotisée par les prunelles jaunes qui lui faisaient penser à un petit fauve mijotant un mauvais coup. Paralysée elle était, parce qu'elle avait son lardon contre elle, qu'elle se souvenait des aptitudes impressionnantes du miron à sauter très haut pour attraper les mégots, et parce qu'elle était gravement minus : autant dire une proie trop facile, elle et surtout son bébé, si jamais ce chat hors norme se mettait dans l'idée de lui sauter dessus, juste pour rire.

Bloquée dans la cuisine comme une andouille, incapable de franchir le seuil vers la salle à manger, morte de trouille, elle était. Le monsieur BEITE se moqua d'elle, l'incita à avancer, sans regarder la bête tapie. Rien n'y fit, elle ne voulait pas se résoudre à prendre le moindre risque, à cause du nouveau-né.

Le monsieur BEITE - le mari de la petite femme, donc et le papa du poupon, par le fait,  mais suis donc, lecteur déconcentré - entreprit de démontrer à sa moitié à quel point ses peurs étaient aussi ridicules qu'infondées et qu'il n'y avait qu'une malheureuse enjambée à faire pour triompher. Mais comme les paroles sans les actes n'ont guère d'impact sur le petit personnel, le monsieur BEITE dit à la mère de son premier enfant : "Mais c'est pourtant simple, ma chérie. Regarde, tu fais juste...ça".

Joignant le geste à la parole, le sourire triomphant, le monsieur BEITE avança la jambe par delà l'embrasure de la porte. Avec un à propos sidérant, le chat aussi, avança les pattes à travers le pantalon du monsieur BEITE et planta violemment ses griffes aiguisées dans le mollet tendre et poilu qui s'offrait au jeu avec tant d'allant. 

C'est à regret que je signale le peu d'empathie de la femme et des amis à l'endroit du monsieur BEITE, en cette circonstance tragique. Tordus de rire et non d'effroi, incapables de s'enquérir de l'état lamentable du froc et de la jambe, ils étaient, au grand dam du monsieur BEITE qui quitta la pièce, drapé dans une dignité mise à mal par les plans diaboliques d'une bête infernale.

Moralité : qui veut faire l'ange fait la BEITE, c'est pas moi qui l'ai dit, c'est le chat.

 

 

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Commentaires
Q
@lasagesse : jamais commentaire dédié à la cause féline, laquelle n'était cependant point incriminée en ce billet, fut à ce point bienvenu ! Comme vous le notâtes avec la clairvoyance qui vous caractérise, seuls un karma défaillant couplé à une prétention hors norme pouvaient dynamiser un "pet" aussi peu bruyant qu'efficace, sur le mollet de l'outrecuidant.
L
Ce récit, sous couvert d'un style humoristique, certes pas trop mauvais, est proprement subversif, puisqu'on tente de nous laisser croire que le chat serait un animal gratuitement cruel; C'est scandaleux et je vais alerter Mme Brigitte Bardeau; Le char sauf cas de non traitance avérée, mou dur, mauvais sheiba (quoi dire de plus) est naturellement placide; j'en déduit que si le bonhomme s'est fait bouffer le mollet, c'est qu'il était pas franc du collier et qu'il avait un mauvais karma: les chats sentent ça; Voila le droit de réponse d'une ardente défenseuse de la cause écolo-chatique (on a les causes qu'on peut) et en conclusions comme disent nos amis outremanches "aimons nos pets".
L
Rhaaaa ! Morte de rire !!<br /> Mais c'est qui, en vrai ???
Q
@Nine Usa : Vous êtes bien sûre, Madame, je ne voulusse point que vous vous trompâtes !
N
@ Queen Mom<br /> Le marmot est...Réponse A : inventé - Réponse B : réel ? Vous pouvez appeler un ami pour vous aider.<br /> <br /> Je demande le 50/50. C'est mon dernier mot Queen Mom!
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