Calendrier de l'Après Tout
Coucou, lecteur enguirlandé comme un sapin de Noël,
En vérité, je te le dis : il est plus facile à un chameau de remplir ses bosses en plein désert qu'à un chrétien d'entrer dans le monde merveilleux de Noël, car les bons conseils dispensés à la messe et au caté visant à aimer son prochain autant que soi-même sont trop souvent contredits par ce farceur de Malin qui sait prendre les allures les plus inattendues qui soient.
Avant, j'étais innocente et pleine de bonne volonté, pour avoir la paix promise par l'abbé.
Après ma rencontre avec la Bête, alors même que je m'appliquais à faire l'Ange, je suis devenue calculatrice et pleine de mauvaise volonté. Quand tu sauras comment et pourquoi, tu comprendras et peut-être pardonneras-tu, divin lecteur.
Cheminant et devisant joyeusement avec mon Zorro bien-aimé et néanmoins vieillissant, avec sa hanche qui se déboîte et sa moustache bi-colore - sel à droite, poivre à gauche- j'aperçois sur mon écran de contrôle une cible mouvante aux alentours de midi - pas l'heure, andouille, la direction droit devant- un peu après le carrefour de la rue Mouffetard et de l'Arbalète, quartier de grosses légumes réservé aux piétons, dans le 5è arrondissement de Paris.
En approchant, nous constatons que ladite cible mouvante -oué, j'aime les métaphores aéronautiques- tient surtout à la canne blanche d'un aveugle, qui balaie large et frénétique afin de ne point se croûter. Nous nous écartons suffisamment pour ne pas prendre un mauvais coup dans nos tibias déjà poreux, mais l'aveugle nous entend et nous pose la question suivante : "S'il vous plaît, pouvez-vous me dire où se trouve la boutique de chaussures de la rue Mouffetard ?". Vu qu'il était dans la rue de l'Arbalète, à 10 mètres de la Mouffe et à 30 de la boutique, je lui réponds : "C'est tout à côté, permettez que je vous y emmène" et sans attendre la réponse du monsieur, je l'attrape fermement par le bras et nous partons.
Afin que les choses soient plus claires, je précise que l'aveugle était grand et costaud et que je suis minus. En arrivant au carrefour des deux rues, pilotant avec une certaine vivacité notre ami non-voyant, je négociais assez sèchement le virage tout en poussant l'aveugle que je tenais fermement par le bras, dois-je le rappeler. Comme ses enjambées étaient plus longues que les miennes et que je me tenais à l'extérieur du virage, il y eut un court instant où je ne vis plus rien sauf l'épaule gauche de l'égaré. Je ne pouvais donc rien voir de la rue après le tournant et c'est assez vivement que l'aveugle qui, cornaqué d'une main aussi sûre n'avait plus besoin de râcler le pavé avec sa canne, se vit propulsé au milieu d'un groupe de matrones, jasant bêtement au coin de la rue.
Constatant après coup (humour) ma légère erreur de vitesse et de trajectoire, l'aveugle étant resté complètement muet de surprise, je priais ces dames d'accepter mes excuses et profitais de l'incident pour rendre sa liberté à l'infirme que je confiais aux bons soins des commères toutes interdites. "Vous êtes presque arrivé, Monsieur" dis-je en guise d'adieu et en rebroussant chemin fissa.
Mon cher et tendre se tient toujours les côtes de rire au souvenir de cette BA foireuse.
Après tout, si le Malin s'est joué de moi, c'est Dieu le Père qui l'a voulu.
Un petit cadeau pour toi, lecteur : la séquence où Claude Brasseur joue les aveugles dans une brasserie pour faire rire son copain triste.
Un Éléphant Ça Trompe Énormément
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