Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ça va saigner
7 mars 2010

LE PÉRIPATÉTICIEN

Friedrich_le_voyageurIl a l'articulation efficace, la diction parfaite. Sa morphologie mandibulaire l'oblige pourtant à montrer sans relâche ses incisives inférieures, alors que ses dents du haut restent cachées derrière une lèvre plus raide que sa femme au Crazy Horse. Toujours est-il que cette particularité physique proche du prognathisme fait office d'hypnose. On ne voit plus que les incisives dont la couleur jaune claque comme une faute de goût invraisemblable.

Quelque chose a changé chez ce locuteur professionnel. Ses cheveux ne sont plus d'un jais absolu, des fils d'argent y tracent un réseau d'une régularité suspecte. Balayage au peigne fin ou patrimoine génétique de rêve ?

Faut-il s'inquiéter du gonflant donné à l'ensemble de la coiffure? Naguère savamment désorganisée par un coup de vent romantique, la mèche élégamment rebelle, la chevelure du ci-devant causant est devenue une citation ambulante de l'immortelle coupe au bol d'une antique doublure de Piaf, aux trilles plus vrillants qu'une chignole électrique.

Surprenant, cette transformation subite d'un dandy patenté de la fibre optique.

La métamorphose ne se limite pas à la couleur des ratiches et du postiche. Le tourmenté a jeté aux orties sa célèbre chemise au blanc éclatant qui découvrait en toute saison un sternum glabre plus sexuel qu'un concentré de testostérone. Idem pour la veste au noir tranchant, assortie à feu son scalp aile de corbeau.

Comme si ça ne suffisait pas, notre brummel des ondes s'est transformé en une sorte d'hybride, mi grand-mère mi homme des bois, se satisfaisant d'un col de chemise moins blanc et aux pointes relevées - comme les chemisiers oxford encravatés de foulards Hermès des minettes BCBG seventies- sévèrement circonscrit par le col ras-la-glotte d'un pull tricoté avec des troncs d'arbre et d'une couleur improbable, entre chiure de pigeon et guano de mouette rieuse. 

Bref, un anachronisme, une mutation qui ne laisse pas d'inquiéter sur les causes profondes de cet atroce reniement vestimentaire, ce piètinement de repères réputés éternels, ce goût nouveau pour le naturel chez ce penseur autoproclamé, aux poses étudiées et savamment encodées par trois initiales qui fleurent bon le fonds de commerce prospère.

L'agrégé de philo le plus mal aimé du cinéma venait à la téloche, à l'invitation de Franz-Olivier Giesbert, donner la réplique au philosophe annoncé comme le plus grand penseur de l'Allemagne contemporaine, à la suite d'Heidegger, j'ai nommé Herr Doktor Peter Sloderdjik himself.

Toupet et moustache rouquins, rondeurs bien urbaines, s'exprimant en un français parfait, le roi de la sphère disait en substance que pour philosopher, il faut s'appuyer sur le tragique, citant en exemple la solution finale. Sauf que le bon doktor croyait devoir approuver chaque péroraison de son contradicteur, mari de mutante nullipare célèbre pour son massacre de "Béchamel Mucho", par des "Ja, hmm" horripilants à te donner envie de rouvrir sans retard ces centres d'amaigrissement qui firent la réputation du IIIè Reich. 

BHV (tu l'auras reconnu, lecteur finaud) répliquait en avançant un menton plein de dents jaunes, secouant avec conviction une mise en plis grise, vissé comme un boulon dans son gros pull gris, en défendant l'idée qu'il existe une part irrépressible du Mal dans l'homme et qu'il convenait au moins de le reconnaître, ce qui n'empêchait pas de tenter de lutter contre. 

Je comprends bien ton message, BH : tu voudrais pas que ton fonds de commerce soit réputé destructible. Rassure-toi, le Mal n'est jamais en rupture de stock, la preuve : tu pourras continuer à nous expliquer pourquoi c'est vilain de couper la tête à un journaliste américain, pourquoi la Bosnie c'est un drame, pourquoi l'Amérique c'est pas si mal et autres fariboles.

Soucieux de ratisser plus large qu'au rayon (épuisé) de l'intello seul avec sa souffrance, l'omniprésent du PAF nous envoyait donc un message subliminal par sa nouvelle tenue vestimentaire et capillaire : je suis authentique (dents jaunes, cheveux gris), j'aime, comme vous, chères masses abruties, les grosses ficelles qui rapportent (pull à grosse maille), je suis comme vous (ma femme est vieille mais elle ne le sait pas), j'aime les goualantes (je préfère mes 2 barils d'Ariel et ma coupe Mireille) et pour moi, rien n'est parfaitement blanc ou noir (pull grisâtre).

Bref, tu maîtrises grave l'art de te vendre et c'est quand même pas un Schleu qui va te dire comment faire le trottoir.

Une dernière constatation s'impose : BHL est toujours sponsorisé par un fabricant de portes ouvertes en bois dont il est actionnaire majoritaire.

Le pire dans tout ça, ami philosophe, c'est que je suis comme toi :  je vois le mal partout.

Caspar David Friedrich (1774-1840) "Voyageur contemplant une mer de nuages", vers 1818 (Kunsthalle, Hambourg).

Publicité
Publicité
Commentaires
M
Ah, BHL ! Gloup ! Gloup ! Relève-toi si t'es un homme, viens te battre !<br /> <br /> L'entarté, qu'il dit, l'autre. Juste un truc, je te trouve un peu dure avec sa lessiveuse d'organes, à son âge à elle qu'elle a, l'est encore pas trop mal roulée la souris, même si elle a une tête découpée au couteau =)<br /> <br /> Ce qui nous ramène à Daniel Pearl et à BHL, lequel BHL, je tiens à le dire publiquement, est un gros pédant !<br /> <br /> Toujours un plaisir de te lire, Queen Mom.
S
Dans les chicots de l'autre !!!<br /> J'ai bien ri et maintenant je cherche des images de ce bon vieux BHL pour comparer à Mireille ou Lalanne !
F
Bien dit, queen mom ! et pour moi qui ne regarde pas la télé (je préfère lire les blogs), ça me donne à penser que finalement je ne rate rien, à part une bonne rigolade... en tout cas, je vais maintenant pouvoir m'esclaffer à la seule vue d'un pull sinistre à grosses mailles, c'est excellent pour ma santé mentale ça.
Q
Je te jure, Charlie, le BHL ressemblait l'autre soir à Mireille Mathieu que c'en était éprouvant. Lalanne c'était juste avant.
C
Je me faisais justement la réflexion que BHL ressemblait de plus en plus à Francis Lalanne. On peut donc raisonnablement craindre le pire...<br /> <br /> Du coup, au lieu de scruter Giesbert, je vais me goinfrer La nouvelle star. Là au moins ça fighte à la dure.
Publicité
ça va saigner
ça va saigner
Publicité