MAUVAIS PROCÈS

- Tiens, passe-moi les croquettes !

- Mais tu n'as même pas de chien.

- Moi non, mais j'aperçois une Chienne de Garde qui rôde autour de ma femme. Et pourtant, je l'ai pas encore cognée ce matin.

- Arrête, tu vas te faire incendier.

- Et même plus, si je m'applique.

- C'est à dire ?

- J'en ai assez de la voir partir bosser en minijupe, de faire la maligne avec son wonderbra et ses ongles carrés qu'elle veut plus toucher à rien dans la maison et en plus, râler pour que je l'aide.

- Tu vas divorcer ?

- Me fais pas rire, le divorce c'est pour les gogos. J'ai plus simple, je vais en faire un objet à usage définitivement unique. Une petite excision des familles, ça va la calmer. Après, je la viole tous les soirs et je fous ma petite belle-fille de 13 ans sur le trottoir, et tout ce beau monde en burqa quand on part en vacances. Y en a marre de ces feignasses qui miaulent toute la journée pour leurs droits de mes deux.

- Mais t'es immonde.

- Pas du tout. Je fais oeuvre pie en renvoyant ma femme aux fondements de nos sociétés chrétiennes : résignation, offrande de ses souffrances à Dieu = fidélité assurée, respect de qui c'est le chef ici, famille préservée. La totale, le rêve, la fin du divorce.

- Et si elle porte plainte ?

- Pas de problème. Je contre-attaque en diffamation. Y a plein d'avocats spécialisés dans la défense des minorités. Et si moi, j'en suis pas une, de minorité souffrante, je me mords un oeil. A la maison, au boulot, partout, elles sont partout, les emmerdeuses.

- Et sinon, tu continues ton blog ?

- Non, ça me dégoûte. On peut plus rien écrire sans redouter la censure et les mauvais procès. Il paraît que tu ne peux pas tout dire, et encore moins tout écrire, ni même photographier. Je trouve pourtant que la photo retirée du métro avec la belle pépée toute nute dans son caddie, c'était carrément beau. J'aime bien aussi le comique africain banni et ses sketchs hilarants sur le mariage, le divorce et les musulmans. 

- Sauf qu'il est gravement antisémite, le Dieudo.

-Dis plutôt qu'il n'est pas étiqueté politiquement correct, le bougre. Figure-toi qu'hier soir, c'est le créateur des Guignols soi-même qui l'a défendu contre tous les censeurs présents sur le plateau de Taddei. Que des avocats spécialisés dans la défense de diffamés autoproclamés. Ils ont trouvé comme justification à leur spécialité juridique qu'on pouvait tout dire à condition de ne pas faire de peine à son prochain. Le champ des possibles se restreint donc gravement pour la liberté d'expression. Mais faut bien qu'ils bouffent, les baveux. S'ils devaient admettre qu'on peut tout dire, il ne leur resterait plus que la clef sous la porte et la robe pour se moucher.

- Oué, mais quand même, Dieudonné, il est ambigu.

- Pas tant que ça. J'ai cru comprendre qu'il en avait surtout après le fait que depuis Desproges, on ne peut plus se moquer des juifs sans être juif soi-même et que le juif est de toute façon intouchable, rapport à la shoah. Il dit que c'est trop injuste, trop 2 poids 2 mesures puisque le Noir, le Belge et le Suisse  ne s'unissent pas en lobby  comme les Juifs, contre les méchancetés des comiques à leur endroit. Ah j'oubliais l'Arménien :  lui aussi se met à la procédure.  

- Bin tu vois pourquoi. Le Juif et l'Arménien sont les seuls à avoir souffert l'extermination de masse. Remarque, il y aussi les victimes des goulags, le génocide des Tutsi. Et bien sûr, les esclaves noirs. Et tous ceux là, effectivement, ne font pas tellement rire sous nos latitudes.

- Et tu penses vraiment que les atteintes génocidaires suffisent à exclure leurs victimes du champ de la moquerie ? Comme si, en cherchant bien, on ne pouvait pas trouver un juif con et un nazi sympa. On a l'impression que la loi Gayssot qui interdit le révisionisme est en train de s'étendre à tout et n'importe quoi. Comme si rire d'un Juif revenait à nier l'existence des chambres à gaz. Ou comme si se foutre de la gueule d'un catholique revenait à contester le rôle de Pie XII dans le sauvetage des Juifs. Un raccourci bien commode pour clore le bec aux libertaires de tout poil. Un retour inquiétant à la censure. Et même une insulte au Juif, qui se voit ainsi mis à part du genre humain dont c'est la connerie générale et ses avatars, davantage que les religions elles-mêmes, qui prêtent remarquablement le flanc à la caricature et la provocation. Et d'ailleurs, pourquoi les Musulmans n'ont pas collé de procès à Dieudonné, rapport à ses sketchs sur Mollah Jean-Christophe et le 11 septembre ? 

- Mais les femmes, tu crois que c'est vraiment juste de se moquer des femmes ? Reconnais que, même dans nos sociétés dites civilisées, elles ont encore du boulot pour danser sur un pied d'égalité avec les mecs. 

- C'est difficile à nier. J'ai encore été obligé de recruter des types nuls et des ménopausées récentes au lieu de jolies poulettes bourrées d'hormones, prêtes à pondre et à mettre ma boîte en péril.

- Fais gaffe quand même, elles n'hésiteront pas à te traîner en Haute Cour.

- Justement. Me vient une idée brillante : je vais cotiser généreusement aux Chiennes de Garde pour mieux les museler.

- Si tu pars du principe qu'il faut toujours être très gentil avec les cons...

- Ah non, faut pas dire "con", elle a dit la Présidente des Chiennes. C'est insultant pour l'organe féminin qui offre tant de confort à nous, les hommes, elle a dit.

- Elle fait du Brassens sans le savoir.

- Oué, mais en pas pareil.

Comments

[QUEEN MOM]

Vous ne me lisez pas correctement ou bien vous ne voulez pas, aveuglée que vous êtes par une indignation qui fait feu de tous les poncifs possibles !
Pour la dernière fois, j'ai bien distingué les sketchs de Dieudonné, que je trouve drôles, de ses postures provocatrices dont le goût est des pus douteux.
Et pour la dernière fois, j'ai parle du principe de l'ironie, évidemment différente chez Desproges, Dieudonné et les autres.
La confusion est vôtre.

[Béné]

"Dieudonné ... en rien raciste ou antisémite."

Ben je ne sais vraiment pas ce qu'il vous faut !
Son pétage de câble (pas le seul, d'ailleurs), sur les juifs responsables de la traite négrière ou du fait qu'il n'a pas trouvé de fonds pour faire son film, c'est juste un "règlement de compte perso" avec Elie Semoun (avec lequel, hors médias, il est toujours ami, du reste) ?
Il s'agit de propos tenus hors scène, en interview, alors pitié, ne prétendez pas qu'il s'agit de sketchs ou d'un humour mal compris.

Et où est la traitement de faveur dû au juifs sur l'holocauste ? Patrick Sébastien a eu des ennuis pour avoir chanté "casser du noir" avec intervention de Le Pen qui trouvait ça très drôle, non ? C'est bien la preuve qu'on ne peut pas exercer son "humour" n'importe comment.

Quant à mon commentaire "lié à la peur etc. pour mon bébé", vous êtes encore à côté de la plaque, j'aurais dit la même chose avant de connaître son papa, et franchement, j'ai la chance d'évoluer dans un milieu un peu plus raffiné que ça, vous savez, celui qu'on taxe de politiquement correct parce qu'on n'y confond pas Desproges et Dieudonné !

[QUEEN MOM]

Autrement dit, Béné, vous êtes pile poil dans le "politiquement correct" !!

[QUEEN MOM]

Oh que non, je ne saurais comparer Dieudonné à Desproges et encore une fois, il ne s'agit pas de revendiquer un droit imbécile à dire tout et n'importe quoi. Je note simplement que personne aujourd'hui n'oserait écrire ce que Desproges a écrit et si bien écrit. Parce que l'époque se veut ridiculement lisse, aseptisée et partant sans saveur. Il va sans dire que je ne souscris ni aux théoriciens de complots, ni au négationisme, ni au racisme, ni à la pudibonderie et à la bêtise ambiante. Quant à jouer les rebelles, j'ai passé l'âge ! Il semble que vous mélangiez tout. Je traite de l'ironie qui, telle que la pratiquait Desproges, permet de combattre racisme, antisémitisme et autres joyeusetés avec une grande efficacité. J'évoque Dieudonné qui manie une autre forme d'ironie, que je trouve très drôle et en rien raciste ou antisémite. Ses provocations sont en revanche d'un goût douteux et sentent surtout le règlement de compte perso avec son ancien comparse de scène. Je suis d'accord avec lui pour dénoncer le traitement de faveur qui serait dû aux Juifs pour cause d'holocauste, dans le domaine de l'ironie, de l'humour, du comique (Voir mes commentaires du début). Votre commentaire pourrait facilement être taxé de parti pris lié à votre peur de voir votre enfant à naître victime du racisme ordinaire, insupportable évidemment. Encore une fois, l'ironie et l'humour (de bon aloi s'entend) sont des armes redoutables pour lutter contre le racisme et la bêtise.

[Béné]

Pourquoi comparer Dieudonné à Desproges ?

L'un est authentiquement antisémite, paranoïaque (franchement, cette histoire de film qu'il n'aurait pas pu faire à cause du lobby juif... ;-), l'autre était un comique. Vous saisissez la différence, ou elle est trop subtile pour vous ?

Le ramassis de clichés (bien écrit, au moins) que vous nous servez dans ce post, on l'a lu et relu ailleurs.

Et il m'exaspère toujours autant par sa mauvaise foi et sa fausse naïveté.

Non, on n'a pas le droit de tout faire ou tout dire, ça s'appelle considérer la liberté d'expression comme un droit relatif, et non un droit absolu (on n'est pas aux USA). Mais c'est vrai que c'est tellement mieux de se plaindre niaisement du "politiquement correct", c'est un peu comme mai 68, ça fait toujours du bien de s'en plaindre, ça vous pose, ça fait de vous un esprit libre... même en se contentant de répéter comme un perroquet.

Non, on n'a pas le droit de tenir des propos racistes sur les Noirs ou les Arabes, pas plus que sur les juifs (rappelez-vous la condamnation de Patrick Sébastien, qui n'est pas le seul à l'avoir appris à ses dépens), et c'est normal.

J'attends mon premier enfant, son papa, bien que peu typé, porte un nom arabe. Et croyez-moi, j'ai beau vivre dans un milieu protégé du racisme, je suis soulagée de me dire que si on traite un jour mon enfant (ou son père) de bougnoule, il serait alors possible d'engager des poursuites.


Cet imbécile de Dieudonné ne s'est pas une seule fois interrogé sur son film, il a préféré imaginer un complot, sans se demander pourquoi des films tels que Indigènes réussissent à trouver des financements, même si le thème n'est pas plus aguichant, à première vue, que l'esclavage.

Et vous osez comparer ce pauvre type qui pue la frustration, la mégalomanie et la mauvaise foi à Desproges ?

Dommage que vous mettiez votre humour au service de ce discours convenu et pas le moins du monde rebelle, comme vous semblez le croire.