tics de langage
Tu auras remarqué, lecteur fin, comment les générations s'approprient certains mots de notre belle langue de Molière jusqu'à en faire un usage immodéré frisant le grotesque ou à en élargir le sens de façon éhontée. Ou encore des expressions dont la récurrence est rapidement pénible.
Ainsi, les années 80 virent fleurir à tout bout de champ des "j'veux dire" qui voulaient justement rien dire. Mon Dartagnan en est friand à un point frisant l'absurde. Qu'est ce que tu veux dire, mon grand ? Parle, accouche, viens en au fait fissa, foin de tournage autour du pot, quoi ! Si je m'énerve, ça lui coupe la chique et là, c'est le drame, il sait plus ce qu'il voulait dire. Un comble !
Il y a aussi "c'est énorme" pour dire que "c'est génial" (tellement galvaudé qu'il fallait bien trouver autre chose). Pire encore "elle est énorme, comme actrice" pour définir une prestation scénique ou filmesque de première bourre, par exemple chez Natalie Portman, anorexique oscarisée, ce qui prouve qu'il ne s'agit point de signaler un excès de poids.
On a eu les horripilants "tout à fait", pas encore tout à fait disparus chez les primates de la sémantique.
"C'est clair", au moins aussi éprouvant, fleurit encore sur les bouches trentenaires et m'assombrit l'humeur.
J'en oublie sans doute, mais il y en a un, tout petit, bien anodin et dont l'abus commence à me courir sur le haricot sévère. Pour signifier "toutefois" ou "mais" , je te le donne en mille, lecteur moderne, et c'est sans apprêt que je te le livre.
Après, si t'es pas content, t'as qu'à être aware comme Jean-Claude VanDamme :"A l'an 3000 les gens vont se parler avec...les yeux, des ondes. Ne me prend pas pour un fou , les baleines le font, les dauphins aussi. Ce sont des animaux très intelligents dans la mer. Nous on vit dans la terre. Et eux se communiquent, vu qu'ils ne savent pas parler dans l'eau, ils sont forcés d'utiliser des ondes, des ondes de love ou de hate et la communication se fait comme ça."
ça l'fait, non ?
Commentaires sur tics de langage
- Au jour d'aujourd'hui, c'est clair qu'il est trop bien ton post.
sinon, as-tu remarqué que les actrices françaises qui minaudent (pour faire intellectuel) rajoutent des "comme ça" à toutes les sauces.
Ça donne de la profondeur au propos: "le réalisateur a voulu faire une sorte de mise en abîme comme ça, moi j'essaie d'entrer dans la peau de ce personnage exceptionnel, sublime, courageux, comme ça..."
ça m'eneeeeeeerve! - Vous pouvez le dire ? ...Elle peut le dire !Cette femme est un miroir ! Sa pensée est comme la clarification de la mienne, bref, ma Soeur j'en ai le cornette : nous sommes toutes deux du bois dont on fait les boules kiès tant le pavillon nous grince à l'écoute de ses niaiseries. J'apporte mon moellon à ce triste édifice avec le "dans ce pays" des politicards qui savent même pu où ils habitent ...
Bon, c'est pas le tout : quantesce qu'on fait une virée punitive ? - TropicoPour ma part, "trop" à la place de très et "quoi-euh!" en fin de phrase ont le don de m'escagasser (j'étais à Marseille aujourd'hui il en reste des traces autres que de la bouillabaisse sur mon plastron).
Ou alors "blasé" utilisé à toutes les sauces par les jeunes dans un sens qui m'échappe complètement (Titch' toi qui les fréquente assidument, tu as une traduction?) mais qui n'est a priori pas celui du Larousse.
