Sine Nobilitas (le retour 2)
Ne te méprends pas, lecteur au grand coeur, loin de moi l'idée de pousser à la ruine qui que ce soit, encore moins une nobliote désargentée ou prétendue telle. Ainsi, j'avions pris soin de faire signer un contrat en bonne et due forme dans lequel évidemment, aucune clause ne prévoyait une échéance aux calendes grecques. Et voici que la grande dame voulait "payer avec son tempérament" et me jouait une variation de la surprise effarouchée.
"Madame, lui dis-je, vous comptez donc me faire attendre jusqu'à la fin de l'exposition, c'est-à-dire encore 3 mois. Il n'en est pas question car cela n'entre pas dans nos conventions, comme vous le savez" . Madame Sans Gêne me rétorque d'un ton encore plus pointu qu'à l'accoutumée : "Madame, je n'ai pas l'habitude qu'on me parle sur ce ton."
Là, cher lecteur, je dois reconnaître que la nature fallacieuse de cette pseudo argumentation agit comme une piqûre de rappel du mépris tantôt glacé tantôt mielleux dont cette comtesse d'opérette m'avait gratifiée en ses murs crénelés l'hiver passé.
Un voile rouge passa devant mes yeux, le spectre de la machine à étêter le ci-devant se découpa très nettement derrière mes paupières :"Et moi, je n'ai pas l'habitude qu'on me prenne pour une imbécile", lui assené-je sévèrement.
Chauffée à blanc, pire que la lame en biais du célèbre outil létal, je poursuivis la mise à mort : "Madame, vous avez certes la noblesse de la particule, mais pas celle des manières ni celle du coeur". Et vlan, passe-moi l'éponge, v'là que ça saigne. "J'attends votre chèque avant la fin de la semaine, au revoir". Et je raccroche, effrayée de ma propre audace. Mais si bien vengée !
Le chèque de la drôlesse est arrivé, gentiment, le surlendemain. Non mais.
PS : si tu crois que c'est fini, tu te goures, ami de la roture.