Sine Nobilitas (le retour)
Naguère, je te narrais, cher lecteur et chère lecteuse, mes petites mésaventures causées par une châtelaine parlant pointu et dont la noblesse est réduite à la taille de sa particule, enfin une vraie snob, du latin sine nobilitas "sans noblesse" , titre du petit feuilleton qui tenait en une poignée de billets aussi acides qu'une bile de malade des boyaux en phase terminale. Sisi. Prenez vos clics et souvenez-vous.
A y est, c'est fait ? Bien. Or donc, après ces journées d'expertise dans son châtiau fort beau mais froid, après livraison de mes textes pondus avec soin et rapidité pour l'édition d'un catalogue d'exposition dans ledit châtiau, j'envoie ma note d'honoraires à la gente dame qui fait la sourde oreille pendant 3 mois. Et qui finit par m'appeler, à la veille du vernissage, pour savoir si j'en suis et si j'ai bien reçu un exemplaire du catalogue. Mais toujours nada sur le pognon.
Je lui dis avec l'accent pied noir :"Et alors, la monnaie, c'est pour quand ?". Nan, j'ai pas dit ça. Certaine de mieux l'impressionner grâce à la langue de Goethe corrigée par Assimil, je lui articule, en claquant des talons et en m'inclinant avec raideur (au téléphone, ça rend bien) une phrase en haut allemand : "Ach so, gnädige Frau, ich möchte gern mein Flouze rekuperieren aber schnell, bitte!". Aristocrate d'Empire par alliance mais polyglotte distinguée, la châtelaine entrave immédiatement la substance de mon propos et me répond avec une candeur bien imitée : "Mais je ne pourrais vous payer que lorsque les premiers visiteurs auront eux-mêmes payé leur entrée, voyons, enfin quoi !".
Si ça vous fait rien, brisons là, chers lecteurs haletants, cause que j'ai pas le temps de finir, là tout de suite. On va dire qu'on continue le feuilleton, hein ? Et pour la délectation, admirons un beau tableau de la Duchesse de Polignac, vraie noble qui fit sa belle dans un monde de brutes.
Au revoir.