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ça va saigner
22 juillet 2010

O comme Os à ronger

gigotsReine Mère se la coule douce, diras-tu, lecteur voyant. Comment le nier et faire autrement quand le pont du 14 juillet vit les invasions barbares abreuver d'un sang impur les sillons de ma douce campagne ? Amis et enfants presque au complet avaient répondu à l'invitation d'un banquet bucolique, sous la voûte lépreuse d'une ancienne cave de vigneron, à peine retouchée par un père connaissant le goût de sa descendance pour les fêtes et le charme à nul autre pareil de ce lieu magique (cliché quand tu nous tiens) qu'il améliora de luminaires sobres, d'un sol en dalles foulées originellement par de fines poulaines et d'une grande cheminée du temps du roi Soleil, tirant superbement l'un comme l'autre.

En frères très spirituels, deux amis, d'époque eux aussi, surent comment faire cohabiter trois dodus gigots qui ne se connaissaient pas la veille, sur une broche dont la mécanique d'horloge les fit doucement confire pendant 4 h, badigeonnés d'un mélange d'huile d'olive, d'ail et de thym du jardin (pas les copains, les gigots)...

Un tel rôtissage qui réjouissait naguère nos papilles jusqu'à ce que la maladie empêche mon père de présider à cette savante cuisson au feu de bois, n'avait pas eu lieu depuis plus de dix ans. Son esprit était là, avec nous qui désespérément avions cherché à remettre la main sur les piques et les broches si bien rangées qu'elles en restèrent introuvables assez longtemps pour réduire à peau de chagrin le temps déjà cruellement bref que j'accorde au pomponnage de ma couenne (c'est long comme du Proust mais en pas pareil).

Ma reconnaissance, éternelle et embuée de larmes joyeuses, vole jusqu'à ces deux amis véritables qui savent si bien lire dans les coeurs. "On naît rôtisseur mais on devient cuisinier" se plaisait à rappeler mon cher père dont les narines éteintes se sont sans doute ranimées au fumet exquis qui montait de l'âtre, comme l'encens jusqu'à Dieu.

D'ailleurs, merci de noter que je demande à être incinérée avec trois gigots préparés ainsi pour que mes cendres embaument l'air de ma descendance lorsque d'aventure, elle soulèvera le couvercle de l'urne pour me humer. Ah non, j'avais dit qu'on me disperse, ce qui ne serait que justice, vu ma propension à l'éparpillement. 

Fi de volontés mortuaires, reviens à mes moutons fissa, pauvre lecteur égaré dans les méandres de ma prose fatiguée.

Que tant de lyrisme pour quelques fesses d'agneau sacrifiées te semble un peu exagéré, je le conçois fort bien, lecteur narquois, mais souviens-toi que les convives furent sauvés, pour cette fois, d'une viande banalement cuite au four électrique, et moi-même d'une réputation d'hôtesse médiocre.

Et c'est moi qui ai eu tous les os à ronger, péché mignon que nul sur terre ne me dispute, même pas les chiens, dégoûtés depuis longtemps par ma déloyale concurrence.

 

 

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Commentaires
L
Revoici queen mom en super forme ! et tu sais quoi, moi aussi j'adore les ronger, les os...<br /> <br /> Bonne idée que de regrouper la marmaille et le troupeau, pour célébrer dans le digne héritage le souvenir de l'ancêtre. Et que dire du fumet qui devait s'échapper de cette barbaque appétissante, au jus délicieux qui crépite dans les flammes et jaillit à gros bouillons des chairs malmenées.<br /> Bon, j'arrête là, j'ai faim.
Q
Alors, champagne pour tout le monde ! Nine USA quitte les sauvages pour rentrer dans notre douce patrie! Yeepee!!
N
@ Queen Mom: Oui, il y a des agneaux mais au (super)marché quand tu en trouves, c'est en morceau (genre pour faire un navarin ou en tranche (côtelettes et tranches de gigot). J'ai eu une fois la chance de trouver de l'épaule d'agneau. Mais je préfère le gigot. J'ai poussé le vice jusqu'à me renseigner auprès d'une ferme qui élève des moutons (une curiosité dans le Wisconsin qui est réputé pour ses vaches laitières) et on pouvait les acheter ... entier. Enfin un minimum prédécoupé mais toute la bestiole et mine de rien, ça fait du volume. Mon congélo étant plein des légumes de mon jardin, j'ai renoncé. <br /> Mais pour finir ce chapitre "je raconte ma vie", je me rapatrie définitivement en France avec ma petite famille dans le courant du mois d'août. Comment ça va être la fête de retrouver une alimentation variée! Et la famille et les amis accessoirement :-)
Q
@eliza : ce fut un barbeuque grande classe, mais je ne dédaigne point chipo et merguez accompagnées d'un bon coulis de tomates maison ou simplement de ketchup. Quant au beurre, faudrait voir à pas confondre avec un dernier tango à Paris, hein ;D<br /> @Titch : non mais dis donc, toi !!<br /> @moumoule à bec : c'est bien noté, ton "j'y go" a fait mouche aussi. On recommence l'an prochain ! <br /> @Schtroumpfette : ça vient, ça vient, chaud devant !<br /> @Nine USA : y z'ont bien des agneaux aux States, quand même?
E
j'y go, j'y go elle est bien bonne celle-là surtout maintenant que j'aicompris, j'y go, j'y go bravo moule à bec!!!!
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